LES INVITÉS /
›› ‹‹Goranka Matić
Goranka Matić est née à Maribor, en Slovénie, en 1949, et a étudié l’histoire de l’art à la Faculté de philosophie de Belgrade, avant de se consacrer à la photographie.
Si les années 80 la scène artistique belgradoise des années 80, ses photos ont paru dans la plupart des magazines spécialisés, dont Džuboks et Start. Mais les bouleversements que connaît le pays la ramènent dès 1990 à l’actualité politique. Elle couvre toutes les manifestations. Elle travaille chez Vreme, puis Politika, puis pour la chaîne publique de radio et de télévision serbe. Son travail, qui va de l’intimité à la conscience sociale et à l’engagement social, constitue un témoignage précieux sur les hommes, l’époque et le territoire.
Goranka Matić a remporté plusieurs prix, dont celui du "Salon d’octobre" (Oktobarski salon), en 1989, "La conquête de la liberté" (Osvajanje slobode) en 2002, et le « Prix Politika » (Politikine nagrade) en 2004. Elle a participé à de nombreuses expositions, collectives ou personnelles, en Yougoslavie et à l’étranger, et publié plusieurs ouvrages.
Le 4 mai 1980 et les jours qui suivent en sont de deuil national : le Maréchal Tito est mort. Mais celui qui dirigea pendant trente-cinq ans la République fédérale socialiste de Yougoslavie allait s’installer à demeure dans la mémoire collective. Pour lors, mai 1980, le traditionnel portrait officiel du « président à vie », désormais garni d’un ruban noir, continue, lui, d’occuper son coin dans toutes les vitrines commerçantes de Belgrade : Tito parmi les étals de fruits, les coupes de viande, les miches de pain, la dentelle blanche des robes de mariées, les jouets pour bébés. Le contraste entre ce portrait d’un mort déjà historique dans son arrangement de style socialiste, enrubanné, multiplié, omniprésent, et son immixtion dans la vie la plus ordinaire, sa présence parmi ces marchandises hétéroclites exposées dans les vitrines, devant lesquelles passent ou s’attardent des promeneurs, n’échappe pas à l’oeil de Goranka Matić. Spontanément, la main saisit l’appareil. Ce jour-là marque pour elle le début d’une longue carrière vouée à la photographie. Cela donnera une série intitulée Dani bola i ponosa, Jours de douleur et de fierté, une trentaine de photos.