LES ÉVÉNEMENTS /

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Arts visuels

© Photos : Sladjana Stanković

Aménagements successifs du noir /

Sladjana Stanković est née en 1966 à Trstenik en Ex-Yougoslavie. Elle a vécu et travaillé entre Belgrade et Paris de 2002 à 2015.

Ses pas et ses projets l’ont conduit régulièrement à la recherche d’une autre réalité humaine des Balkans d’aujourd’hui. Témoin des guerres qui ont déchiré l’ex-Yougoslavie, elle choisit en 2002 de « fuir le noir », l’absence de changement après la chute de Milošević ayant raison de son optimisme. Le projet « Aménagements successifs du noir », mené en collaboration avec l’écrivain Sylvain Prudhomme, lui a permis d’explorer le sujet plus intime de son rapport à Belgrade, alors qu’elle y revient, en 2011, avec le recul de l’exil. Produit et soutenu par l’association Krokodil et l’Institut français de Serbie, ce projet aboutira au livre éponyme, publié chez Rue du Bouquet cette année.

Lecture et brunch en compagnie des deux auteurs.
Animé par Fannie Escoulen, directrice de la galerie Folia.
Dimanche 1er décembre à 11h.

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Aménagements successifs du noir, photographies de Sladjana Stanković, texte de Sylvain Prudhomme, Les presses du réel, 2019.

Pendant les années ’90, mon pays la Yougoslavie s’écroule. Les ex-républiques se déchirent et prennent leur indépendance au prix de guerres et d’une violence terrible. Cette violence se déchaîne et envahit non seulement le quotidien mais aussi les esprits. La violence est manipulée par tous et toutes les raisons sont bonnes : guerre de territoire, conflits religieux et ethniques, montages mafieux, luttes de pouvoir, avidité, jalousies, rancœurs accumulées…

En Serbie, Slobodan Milošević a besoin de la violence, du chaos et du conflit pour se maintenir au pouvoir. C’est la loi de plus fort qui règne sans pitié. Les groupes paramilitaires font régner la peur, les armes sont omniprésentes, l’embargo puis les bombardements de l’OTAN font des citoyens des otages. Les frontières se ferment, l’inflation dépasse les records de Weimar, la société sombre dans la misère économique et dans la misère culturelle. Les valeurs sur lesquelles nous avions bâti la vie d’avant s’écroulent.

La plupart de mes amis ont réussi à quitter le pays dès le début des conflits. J’ai vécu cette période en Serbie du début à la fin. Avec tout l’optimisme nécessaire pour tenir et se tenir debout. Pour finir, les bains de sang s’espacent, et Milošević est finalement renversé. Mais évidemment tout ne change pas d’un coup, la société est perdue, la violence s’est imprégnée partout, elle est là. Et cet optimisme qui ne m’a pas quitté commence à se briser quand je me rends compte que le départ de Milošević ne change pas fondamentalement les choses. Et réaliser ça c’est encore plus violent que tout, le noir déborde de partout. Je dois partir. Je fuis le noir.

En 2011 je retrouve la Serbie et Belgrade. La photographie va me permettre de me confronter à tout ça. Sylvain Prudhomme y pose des mots : Aménagements successifs du noir.

Photographie


14h00

mer. 27 novembre 2019


Galerie Folia

13, rue de l’Abbaye
75006 Paris


Invité(s) : Sylvain Prudhomme / Sladjana Stanković /

Rencontre lecture et brunch


11h00

dim. 1er décembre 2019


Galerie Folia

13, rue de l’Abbaye
75006 Paris


Invité(s) : Sladjana Stanković / Sylvain Prudhomme /